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Crise des missiles entre la Turquie et l’Iran

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Article publié dans l'édition papier du Monde du 19 décembre

Les derviches tourneurs auraient dû permettre d'apaiser les tensions entre la Turquie et l'Iran. Les désaccords se sont multipliés, ces derniers mois, entre les deux voisins, divisés par la crise syrienne et par la récente décision de déployer des missiles Patriot sur le territoire turc.

Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, et le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, auraient dû se retrouver, lundi 17 décembre, à Konya, pour le Seb-i Arus, la grande cérémonie soufie qui, chaque année, célèbre la mort du poète persan Jalaluddin Roumi, fondateur de l'ordre mystique des derviches et mort en 1273 dans cette ville de l'ouest de l'actuelle Turquie. Ankara avait vu les choses en grand en y conviant plusieurs chefs d'Etat d'Asie centrale et des Balkans.

Mais une annulation de dernière minute est venue bouleverser les plans initiaux. Le chef de la section des affaires internationales de la présidence, Mohammad Reza Forghani, a en effet prétexté que Mahmoud Ahmadinejad avait un "problème d'agenda inattendu", à la veille de sa visite en Turquie.

Photo AFP


La véritable raison de ce brusque changement de programme pourrait plutôt être à chercher du côté des déclarations du chef de l'état-major iranien, le général Hassan Firouzabadi, qui, samedi, a violemment critiqué la Turquie et ses alliés occidentaux : "Chacun de ces missiles Patriot est un point noir sur la carte du monde dont le but est de déclencher une guerre mondiale", a rapporté la chaîne iranienne Press TV.

"Malheureusement, les pays occidentaux approuvent un à un le déploiement des missiles Patriot à la frontière entre la Turquie et la Syrie en préparant une guerre mondiale, ce qui est extrêmement dangereux pour l'avenir de l'humanité", a déclaré le chef de l'armée iranienne, qualifiant la future installation de "ligne de défense pour l'Etat sioniste", sous-entendu Israël.

Dimanche, c'est le ministre des affaires étrangères du régime iranien, Ali Akbar Salehi, qui a renchéri en qualifiant de "provocation " le déploiement des batteries de missiles sol-air, mettant en garde contre d'éventuels résultats "imprévus". L'Iran, qui s'était déjà vivement élevé, en novembre 2011, contre l'installation en Turquie d'une partie du dispositif de bouclier antimissiles de l'OTAN, perçoit de plus en plus le voisin turc comme une menace potentielle. Le président russe, Vladimir Poutine, autre allié de Damas, avait lui aussi critiqué l'installation de Patriot au cours d'une visite à Istanbul début décembre.

ANKARA REDOUTE UN "GESTE DE DÉSESPOIR DU RÉGIME BAASISTE"

Le secrétaire général de l'OTAN, Anders-Fogh Rasmussen, s'est empressé de démentir les allégations iraniennes. "Nous avons dit clairement, dès le début, que le déploiement des Patriot est une mesure purement défensive", a-t-il précisé lundi. Dès novembre, après une série de tirs de mortier syriens sur des villes situées de l'autre côté de sa frontière – des incidents qui ont fait cinq morts –, la Turquie a réclamé à ses alliés de l'OTAN l'installation de batteries de Patriot, capables d'abattre des avions ou des missiles. Ankara redoute un "geste de désespoir du régime baasiste" et l'utilisation de missiles armés de substances chimiques. Des Scud non chimiques ont été récemment tirés sur la ville syrienne d'Azaz, à quelques kilomètres de la frontière turque.

Réunis à Bruxelles début décembre, les membres de l'Alliance atlantique ont approuvé la mise en place du dispositif, qui ne devrait pas être opérationnel avant la mi-janvier. Quatre batteries de Patriot devraient être disposées à l'intérieur des terres, dans les villes de Malatya et d'Urfa, ainsi que sur la base américaine d'Incirlik, près d'Adana.

Au cours d'une visite surprise sur cette plateforme militaire, vendredi 14 décembre, le secrétaire d'Etat américain à la défense, Leon Panetta, a confirmé le déploiement de deux batteries de missiles et de 400 hommes, suivant une décision similaire de la part de l'Allemagne et des Pays-Bas. Les premiers soldats allemands sont arrivés lundi en Turquie.

Guillaume Perrier


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